Je vous explique un peu…
En voyant les quelques photos de ce shooting sur les réseaux sociaux, beaucoup se sont demandés pourquoi diantre mon père a-t-il y participé ? Fait-il partie des fondateurs de la marque ? A-t-il financé ledit projet ? Eh bien non ! Rien de tout cela les amis ! La raison est bien plus simple qu’elle n’y paraît : mon père a, lui également, grandi dans un orphelinat !
En me contactant pour cette belle collaboration, #GoldenLife était loin de savoir ce détail-là. Je lui ai parlé de comment je voyais ce shooting, et elle a été plus que ravie de nous envoyer, à mon père et moi, des tee-shirts de sa marque pour que nous puissions à deux en faire la publicité. Quand j’ai proposé à mon Papa ce shooting, il m’a également dit oui tout de suite !
Je vous retranscris mot pour mot la phrase qu’il m’a sortie ce jour-là : « c’est impossible pour moi de dire non à une telle initiative, j’ai moi-même été nourri grâce à des dons de gens qui ne me connaissaient même pas. Si je peux aider d’une quelconque façon, si je peux rendre en retour ce que j’ai pu recevoir, c’est avec grand plaisir que je le ferai »

L’histoire de mes deux papas…
Je vous disais donc que mon père et son jumeau (oui ! j’ai la chance d’avoir deux Papas pour moi toute seule !) sont deux enfants ayant grandi dans l’orphelinat de l’Hôpital Albert Schweitzer de Lambaréné. Ils y ont passé pas moins de quinze longues années. Ils y ont fait leurs premiers pas, ont même eu la chance de connaître ce fameux Docteur et bien d’autres formidables personnes encore.
Comme j’aime souvent à le répéter, cette histoire tristement belle n’est pas la mienne, du coup à défaut de n’avoir pas encore pu en faire un livre (parce que cette histoire en vaut réellement le détour), je vais vous la résumer ici en quelques lignes.
Mes Papas ont perdu leur maman à leur naissance.
Très exactement, quelques jours après leur naissance, mes deux papas se sont retrouvés orphelins de mère. Un malheur ne venant jamais seul, leur grand-mère maternelle, ne supportant pas le choc de perdre sa fille, rendait également l’âme à quelques jours d’intervalle du décès de sa fille.
Deux enfants nés provoquant la mort de deux personnes. Deux naissances. Deux décès. Les conclusions ont été très vite faites, l’équation rapidement résolue : il s’agissait là d’enfants venus semer le trouble dans le village !
Ces deux enfants, à peine sortis du ventre de leur mère, se voyaient accusés de sorcellerie. Des enfants sorciers à qui donc on réservait le sort d’être enterrés, vivants, en même temps que leur mère et leur grand-mère.
Le geste qui a sauvé leur vie…
Quelques jours avant les fameuses funérailles, mon grand-père a pris l’initiative de sauver ses enfants en quittant le village pour les mettre à l’abri. De fil en aiguille, ils ont fini par atterrir, des mois après, à Lambaréné au fameux orphelinat du Docteur Albert Schweitzer.
De nombreuses polémiques tournent autour de ce nom. Je ne suis pas là pour en discuter, vous l’aurez compris, mon avis est loin d’être objectif à ce sujet. De lui, je ne sais rien hormis ce que mes pères ont bien voulu me raconter. Tout ce que je peux affirmer, c’est que sans lui et ce qu’il a fait, je n’aurai peut-être pas eu la chance d’être là aujourd’hui.
Je ne rentrerai donc dans aucun autre détail le concernant, mais mes deux papas lui doivent définitivement la vie ! Et c’est certainement grâce à des dons faits par des associations/personnes comme celle à l’initiative de ce projet #GoldenLife qu’ils ont pu avoir de quoi se nourrir pendant près de quinze ans.
J’ai beaucoup de chance…
D’avoir deux papas, un nombre incalculable de mamans et une très grande famille. Ce n’est définitivement pas le cas pour beaucoup d’autres enfants au Gabon ou ailleurs. Aujourd’hui, je vous rassure, la famille entière s’est parfaitement réconciliée. Mes papas ont tenu à connaître leur côté maternel.
Rien de bien évident, puisqu’il leur a fallu plusieurs années pour retrouver la trace de chaque membre de la famille. De l’eau a coulé sous les ponts. Ces deux bébés sont désormais des grands-pères bien heureux. Des enfants, comme eux, partout dans le monde naissent, grandissent loin de leurs parents.
Et parmi eux, bon nombre n’ont pas la chance de finir aussi bien que mes papas. Ils apprennent, bien trop tôt, à se responsabiliser. On vole à ces enfants, leur enfance, leur innocence.
Pour la petite histoire…
Chez nous au Gabon, pour déterminer lequel des deux est le plus grand parmi des bébés jumeaux, on estime que c’est celui qui sort du ventre le dernier (eh oui !!!). Car la coutume veut que les aînés laissent passer les plus petits, leurs cadets, en premier. Et par la suite, qu’ils viennent refermer la marche.
Mon père, est donc considéré comme l’aîné parce que sorti du ventre après son frère. Concernant les (pré)noms des jumeaux : l’un s’appelle Wora et l’autre Yeno. S’ils avaient été du Haut-Ogooué, une province du Gabon, ils auraient pu s’appeler Mbou et Piga.
Chez nous, le (pré)nom peut parfois indiquer le rang qu’occupe une personne dans une fratrie (par exemple Oumarel chez les Punus qui se traduit par « le premier né ») ou dans d’autres cas encore, il peut indiquer qu’on est jumeau comme c’est le cas avec ceux de mes papas.
IMPOSSIBLE !
Comme indiqué sur mon tee-shirt, ce mot ne fait définitivement plus partie de mon vocabulaire ! À vous qui m’avez lue jusqu’ici, ne laissez personne vous dire que VOUS, en tant que personne à part entière, vous ne pourrez rien changer ! Chacun de nous peut améliorer les choses.
Et nos efforts, aussi minimes soient-ils, mis bout à bout, créeront le changement dont nous avons cruellement besoin. Alors, retirez ce mot qui n’a pour seul but que de restreindre votre champ d’action.
Parce que chaque vie est précieuse…
Donnons à tous la chance de bénéficier de petits moments de bonheur. Si vous de votre côté, vous en avez la possibilité, aidez donc de jeunes initiatives comme celle-là à leur offrir de meilleures conditions de vie, que ce soit pour la période de rentrée scolaire, celle de Noël, ou tout au long de l’année.
C’est donc avec beaucoup d’émotion que j’ai eu à réaliser ce shooting et à vous écrire cet article ! Si à mon niveau, je peux aider d’une quelconque manière un tel projet, ce sera toujours de gaieté de cœur que je le ferai ! Réunir mon papa et mon photographe pour ce shooting n’a été rien de bien compliqué.
Le plus compliqué c’est de réunir les fonds nécessaires pour venir en aide aux gens particulièrement, ces enfants dans le besoin. Je vous laisse avec quelques photos de moi et mon papa arborant les tee-shirts de ladite marque Golden Life .
Vus dans l’article :
Tee-shirts : Golden Life
Sac : Enami Shop
Pantalon : Les doigts d’une fée
Chapeau : marché de ma ville
Un grand merci à @oeildelynx et à mon papa d’amour pour leur participation à ce shooting.
Je vous dis à très vite les Rooters, pour découvrir encore plus de marques et d’histoires de vie uniques !
