L’une a une couleur marron très foncée à la limite du noir tandis que l’autre a une couleur jaune clair translucide. D’où vient alors cette confusion entre ces deux huiles qui d’apparence, n’ont rien à voir l’une avec l’autre ?
La confusion entre ces deux huiles naît de leurs noms respectifs !
Au Gabon, on a tendance à appeler ces deux huiles : huiles d’amande ! Pour les différencier, certains parlent d’huile d’amande pure (ou brute) et d’huile d’amande douce (ou raffinée). Alors qu’il n’en est rien : il ne s’agit pas de la même huile. Elles ne proviennent même pas du même arbre ou de la même noix. Alors laquelle porte réellement bien son nom ? En réalité, cette appellation n’est pas, en tous points, erronée. Les deux huiles précitées sont toutes deux extraites d’une amande (amande entendue au sens très large). Il est donc important d’y apporter quelques précisions, pour distinguer ces huiles qui sont à des années lumières d’être les mêmes.
Les différences entre les deux huiles…
La première (l’huile de noix de palmiste) est extraite du noyau de la noix de palme. Attention, je ne vous parle pas de l’huile de palme plus communément appelée huile rouge. Les fruits du palmier ont la particularité d’être tous utilisables pour quelque chose. << Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme>>. Le magningou est une huile beaucoup utilisée sur le continent Africain. Elle n’est pas très connue à l’international. Et cela nous permet de garder nos petits secrets de grand-mère pour nous. Si son nom ne vous est pas très familier, sachez d’ores et déjà que son nom français est en réalité l’huile de noix de palmiste.
Je suis certaine que dans vos langues respectives, cette huile porte déjà un nom spécifique. En effet, si certains parmi vous, avaient l’habitude de jeter les noix de palme après la préparation de leur nyembouè (sauce graine des Ivoiriens), sachez que ces noix contiennent à leur tour un noyau qui permettra l’extraction d’une autre huile totalement différente de l’huile de palme (je vous rassure). Autant dans sa couleur, que dans son odeur et son pouvoir nutritif. C’est donc parce que cette huile est extraite du noyau d’un fruit que cela lui a valu jusque-là au Gabon, le surnom d’huile d’amande.
La véritable huile d’amande
Comme son nom l’indique, elle provient de l’amandier. Elle est donc bien extraite du fruit de l’amandier et a une couleur très claire, translucide même. En théorie, elle ne peut se confondre avec celle de l’huile de noix de palmiste qui, en général, est une huile marron foncé.
Signification du nom Maningou…
Vous voyez donc que les deux arbres dont proviennent ces deux huiles ne sont définitivement pas les mêmes. L’un est un produit typique de la pharmacopée africaine et l’autre, un produit de la pharmacopée européenne. L’huile de noix de palmiste est encore appelée manyaga* chez les peuples Bassa du Cameroun. Les Fangs du Nord du Gabon l’appellent boan mi mbangue* (pardonnez-moi l’orthographe) et ceux du Sud du Gabon l’appellent magningou* ou méningu* en langue Guisir (celle de mon ethnie). En langue Lumbu, le mot << magningou >> signifie << à frotter >> ou << pour frotter >>. C’est une huile sèche ultra nourrissante qui rend la peau extrêmement douce. Son pouvoir apaisant permet de calmer les irritations de la peau et autres allergies. Elle nourrit, répare et protège également la peau contre les agressions extérieures telles que le froid et la sècheresse.
L’utilisation de l’huile de palmiste…
On l’utilise au Gabon assez régulièrement, sur la peau des bébés, des enfants, et même des adultes avant d’aller se coucher. Encore plus, pendant les périodes de saison sèche. Du fait des tiraillements de la peau et la préparation au froid de cette saison, nos mamans et grand-mères en mélangent une petite quantité avec les crèmes vendues dans le commerce. Une astuce qui permet de renforcer leur efficacité quasi-nulle en saison sèche.
A chacun de mes retours au Gabon, j’ai droit à ma petite bouteille fabriquée artisanalement par l’une de mes grands-mères pour m’aider à affronter l’hiver ici. En général en Afrique centrale, ce sont nos grands-mères qui les fabriquent de façon artisanale. Comme certaines en Afrique de l’ouest pourraient fabriquer le beurre de karité ! C’est un produit 100% naturel, qui n’a aucune date de péremption ! Tout comme l’huile de coco, il se solidifie lorsque les températures se rafraîchissent, mais il vous suffit de mettre le contenant dans un bain-marie pour désolidifier le produit !
Si jusqu’à présent vous vous emmêliez les pinceaux quant à l’appellation de ces deux huiles définitivement différentes l’une de l’autre, après cet article, j’espère que vous ne les confondrez plus ! Elles ont chacune leurs propriétés respectives ! Alors désormais, appelez-les chacune, par le nom qui leur convient les amis !
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