Comment vivre la monoparentalité idéalement ? J’avais pourtant dit que je n’écrirais aucun article à ce sujet. En tout cas au moment où j’avais pris cette décision, je ne me sentais ni prête, ni assez légitime pour partager mon vécu. Vous savez que je suis assez pudique concernant ma vie privée. Du moins, j’essaye de préserver autant que possible, ce petit cocon qu’il me reste. Au fil des semaines, puis des mois, je me suis dit : « j’en parlerai une fois que j’en aurai le courage ». Et là aujourd’hui, il faut dire que je l’ai comme qui dirait, trouvé.
Comme vous avez pu le lire dans le titre, I am officially a single BABY MAMA ! Je vous l’annonce en Anglais, parce que la langue de Shakespeare a le don d’embellir, même les situations les plus laides😂. Non mais plus sérieusement, je rigole ici, mais cela fait quelques mois maintenant que je vis cette nouvelle expérience de ma vie.
La vie de baby mama au quotidien
Mon fils est né il y a à peu près un an de cela. Vous vous souvenez, je vous annonçais sa naissance en avril dernier. J’ai eu la chance d’avoir une grossesse durant laquelle tout s’est très bien déroulé. Du début jusqu’à la fin. Aujourd’hui, on n’est pas là pour discuter de la rupture et encore moins des raisons qui m’ont poussée à prendre une telle décision… Mais plutôt de l’impact que ça a eu sur ma vie de maman. Il faut dire que si c’est bien la première fois que je me retrouve moi-même confrontée à pareille situation, c’est loin d’être la première fois que j’en entends parler. Des couples qui décident ensemble d’avoir un enfant et qui finissent tôt ou tard par se séparer, c’est désormais devenu monnaie courante sous nos cieux. Si dans notre esprit, on n’imagine ne jamais se séparer et de toujours rester une famille soudée et unie, la vérité c’est que tous les parents ne peuvent pas offrir cet idéal de vie là à leurs enfants. Beaucoup alors font le choix de la monoparentalité.
J’ai beau cherché, sur la toile. Mais en général, les jeunes mamans Noires qui se sont retrouvées dans pareille situation n’en parlent pas, ou très peu. Elles en ont honte. Personnellement, au moment où je me suis retrouvée confrontée à la situation, j’aurais aimé pouvoir lire des articles relatant le vécu de femmes Noires l’ayant vécue. Histoire qu’elles m’édifient sur le sujet, qu’elles partagent leur expérience avec moi. Mais je ne trouvais rien ou alors, serait-ce moi qui n’aurais pas assez cherché ? Dans tous les cas, il faut dire que dans notre communauté, ce sont des choses dont on ne parle que très rarement. Même au sein d’une même famille. J’ai donc décidé de libérer la parole à ma façon, en parlant de mon expérience personnelle. Alors commençons.
1. L’acceptation de la situation.
Le plus difficile pour moi je pense que ça a été au tout début, le fait d’accepter la situation. C’est fou la pression que l’on peut se mettre (à tort ou à raison) concernant la parentalité. Deux parents aimants pour maintenir l’équilibre d’un enfant. J’ai eu la chance moi de connaître cet équilibre-là. Et j’ai longtemps culpabilisé (oui, il faut dire les termes !) de ne pas pouvoir offrir ce même cadre de vie à mon fils. A celles et ceux qui se sentent coupables, sachez que le cadre de vie « idéal » pour un enfant est avant tout un cadre de vie sain. Propre, bonne atmosphère, plein d’amour, de valeurs, propice à son épanouissement. Si vous pouvez offrir cela à votre enfant en étant seul(e), ne courez pas derrière une relation, à cause de pseudos préjugés qui veulent que vous sacrifiez votre bonheur personnel pour assurer celui de vos enfants.
Les enfants sont heureux si vous l’êtes avant tout. Si vous n’allez pas bien dans votre relation, ils s’inquièteront toute leur vie pour vous.
2. Ne vous isolez pas.
Du haut de mes 25 ans, je me suis sentie très mal de vivre une telle expérience seule. Mais avec le recul que j’ai aujourd’hui, je suis loin d’être seule. Et vous aussi je suis certaine que, de votre côté, vous ne l’êtes pas également. Par exemple, les membres de la famille peuvent être présents. Mais aussi et surtout les ami(e)s, qui pour moi font d’ailleurs partie intégrante de la famille. Je ne sais pas comment j’aurai pu m’en sortir, si je n’avais pas eu cet entourage magnifique autour de moi.
On pense beaucoup au regard des gens, aux jugements qu’ils porteront sur notre personne. Mais en réalité, vos véritables proches ne seront que bienveillants avec vous, je vous assure. Ils vont tout mettre en oeuvre pour vous assurer la meilleure transition qu’il soit vers votre nouvelle vie. En tout cas, ça a été mon cas. Et je ne les remercierai jamais assez pour leur présence, leur chaleur, dans cette étape aussi compliquée de ma vie.
3. Vous avez le droit de faillir.
Il y aura certainement des périodes durant lesquelles vous aurez besoin d’un réel soutien. C’est le cas par exemple, lorsqu’on est fatigué(e). Ou mieux, lorsqu’on est soi-même malade et qu’on est réveillé(e) au beau milieu de la nuit parce que bébé a besoin de nous… ou parce qu’il est tout simplement lui-même malade. Ces moments-là où il faut être fort(e) pour deux, car vous vous devez de remplir votre devoir de maman/papa avant tout.
Serrez les dents, je vous assure que les mauvaises passes, comme leur nom l’indique, finiront par passer… rien ne dure éternellement, encore moins les situations difficiles.
4.Arrêter d’idéaliser la vie.
Perso, quand j’étais plus jeune, enfant ou ado, quand on me demandait comment je me voyais à 25 ans, j’étais TOUT sauf maman célibataire (vous avez vu, j’ai pu enfin le dire en Français 😆 ). Je répondais médecin, avocate, juge, femme d’affaires, Présidente de la République même. Mais jamais, j’aurai pensé être maman célibataire (et de surcroît toujours sur les bancs de l’école). Ce sont des choses que l’on n’envisage pas. Et qu’on ne souhaite à personne d’ailleurs. Quand on jette un coup d’oeil sur son plan de vie, on prend une belle claque. Pour moi en tout cas, le bilan était là :
- bien qu’en dernière année, les études n’étaient pas officiellement finies ;
- du coup, pas encore de boulot stable ;
- bébé qui est arrivé ;
- et comme si ce n’était pas assez, voilà qu’en plus, je me retrouve maman solo.
La sensation d’avoir raté quelque chose… À ce moment-là, on se remet beaucoup en question quant aux choix que l’on a pu faire dans sa vie. Mais malgré tout, je n’ai aucun regret. Ces choix-là m’ont conduit à une situation de bonheur aux côtés de mon fils. Ça peut être compliqué des fois, mais je peux vous assurer qu’élever un enfant, MON enfant c’est la dose de dopamine qu’il fallait à ma vie 😎 .
5. Arrêter de penser à tous les projets à deux.
Ceux que vous auriez pu réaliser pour une vie à trois. Vous devez arrêter d’entretenir le souvenir. C’est difficile, mais c’est nécessaire. Sinon vous vous retrouvez 7 ans plus tard, sans avoir avancé d’un seul pas. À toujours attendre le retour à la raison du 2e parent. Il faut vous sortir cette idée de la tête.
6. Arrêter d’idéaliser les moments à vivre.
Par exemple, les premiers pas de bébé où bébé marche vers Papa et Maman qui tient la caméra : STOP IT ! Vous risqueriez de vous faire du mal, encore plus que maintenant. Ces moments-là, je les vis seule certes, mais ils n’en sont pas moins précieux. Grandir c’est aussi apprendre que le Père Noël n’existe pas et que les contes de fée ne durent que le temps d’un livre.
7. S’habituer à l’absence de l’autre parent.
Vous n’allez pas l’appeler à chaque grippe, à chaque poussée dentaire ou à chaque bobo que se fera votre enfant. S’il demande à être mis au courant, eh bien allez-y informez le 2e parent de tout. Selon moi, je pense qu’il faut apprendre à trouver des solutions seul(e). Quitte à l’en informer après, car il s’agit tout de même de la vie de son enfant. Mais en général, il faut apprendre à gérer TOUT tout(e) seul(e).
8. Garder le contact.
Attention ! Il ne s’agit pas ici de garder un contact permanent. Sinon vous deviendrez très vite fou/folle surtout si vous n’avez pas vraiment tourné la page. Mais gardez un contact qui se voudra nécessaire. Pour au moins, s’éviter des conversations tendues quotidiennes ou comme j’aime les surnommer : « les conversations cocotte-minute ». Elles commencent doucement, mais on sait tous qu’à un moment donné, ça va finir par exploser. Alors, apprenez à discuter à nouveau, à vous parler, à communiquer. Après tout, vous avez tout de même partagé une histoire avec cette autre personne. Vous pouvez encore vous tolérer ne serait-ce que pour l’éducation de l’enfant. Ne croyez-vous pas ?
Pour cela, il faut que la qualité de vos relations soit au top. C’est comme deux potes qui ont monté une boîte et qui par la force des choses ne s’entendent plus. Il faut soit que l’un cède ses parts à l’autre, soit qu’ils soient tous deux bien assez mâtures pour penser à la croissance de leur business avant leur conflit personnel. Voyez votre enfant comme le meilleur placement financier que vous ayiez pu faire dans votre vie (pardonnez cette métaphore, mais je suis en plein dans mes révisions de techniques de financement 🙄 ) . Il faut l’entretenir, le chérir pour que derrière, il porte ses fruits.
9. Trouver du temps pour soi.
Se reconstruire. Réapprendre à profiter de la vie en solo. Je suis restée tellement longtemps en couple avec la même personne, que vraiment j’ai l’impression de n’avoir jamais vécu seule depuis un long moment. 6 ans que je programmais tout en fonction de la vie à deux. Les vacances, les voyages, les repas, les sorties. Et maintenant, je me rends compte aussi aujourd’hui de tout le temps libre que j’ai pour profiter de moi-même 🙂 . Même une simple manucure a le don de m’extasier. Une séance cocooning à la maison me fait du bien au moral, un massage détend les nerfs, lire un bon livre me nourrit l’âme. Des exemples comme ceux-là, il y en a encore plein. Je me rends compte de combien je ne profitais pas/plus de tous ces petits plaisirs que l’on peut s’offrir à soi-même. Réapprendre à vivre pour soi avant tout, car au final : « on ne vit qu’une seule fois » !
10. Tourner la page.
Je pense qu’il s’agit là du meilleur conseil que je puisse vous donner. Pas que les précédents soient moins importants, mais c’est surtout celui sans lequel les neuf autres ne pourront être appliqués. J’étais censée vivre l’une des plus belles expériences de ma vie. Mais j’étais loin d’imaginer la tournure qu’auraient pris les choses. Quand j’ai réalisé que j’allais élever mon fils seule, j’ai eu un gros coup de barre. J’étais dans les vapes tout le temps. Je dormais très peu. Mangeais énormément. J’étais non productive dans tout ce que je faisais. Et ce, pendant des semaines (je préfère le compter en semaines mais en réalité, ça a bien duré plusieurs mois).
J’en ai beaucoup voulu au papa de mon fils de m’avoir rendue single mommy… La vérité, c’est que quand on a aussi longtemps aimé quelqu’un, on ne peut pas le détester indéfiniment. Sinon, c’est bien la preuve qu’on ne l’a soit jamais vraiment aimé. Soit qu’on n’est pas encore passé à autre chose. Alors très chères mamans solos, PARDONNEZ, pour avant tout vous LIBÉRER. Le pardon concerne aussi bien votre ancien partenaire mais SURTOUT, vous-mêmes. C’est le meilleur cadeau que vous puissiez vous faire, croyez-moi !
Petit bonus : Pour ceux qui nous disent « et l’enfant, vous y avez pensé ? »
J’ai même envie de dire que l’on y pense tout le temps. On se demande toujours si c’est le meilleur choix pour lui, son épanouissement, sa future vie. Et parce qu’on garde à l’esprit cette pensée bienveillante à l’égard de notre enfant, deux parents ne peuvent indéfiniment se détester. On peut se détester le temps d’un moment. Parce qu’effectivement en se séparant, on se fait du mal. Je dirai même beaucoup de mal. Mais au fil du temps, on se rend très vite compte que l’on peut réussir à rendre l’expérience meilleure pour tous les trois.
Voici donc 10 conseils qui vont vous permettre de mieux appréhender la monoparentalité, surtout en tant que jeune femme Noire de moins de 30 ans. Je n’ai certainement pas pu répertorier tous les conseils applicables à la situation. Mais je vous ai donné là, ceux qui ont bien fonctionné pour moi. Toutes les expériences de la vie sont bonnes à prendre, quelle qu’en soit l’issue, elles vous seront bénéfiques.
PS : Et à tous ceux qui ne vivent pas la situation, qui ne l’ont parfois même jamais expérimentée, ni de près ni de loin, mais qui se permettent tout de même de porter des jugements. Sachez que la monoparentalité est parfois le seul choix qui s’impose à nous. Cela ne fait pas de nous des parents moins légitimes que les autres. Si on n’a pas été les meilleurs partenaires de vie l’un pour l’autre, croyez bien qu’on sera et restera toujours les meilleurs parents qu’il soit pour un enfant, quoi qu’il arrive. Séparés ou non.
N’oubliez pas que la vie va vraiment trop vite. Apprenez à faire des choix pour l’assainir et surtout pour vous la simplifier au maximum. Vous le méritez bien. Je vous embrasse tous et toutes très forts. 😘
Je vous dis à la prochaine, chers Rooters !
Crédit photos : @oeildelynx
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