Il y a une semaine jour pour jour, je participais à la plus grande dictée du monde qui a eu lieu sur les Champs-Elysées. La team Instagram, je vous ai partagé mon ressenti à chaud de cette expérience inédite. Pour certains participants, cet évènement était, pour eux, le moyen de se challenger, de déclarer leur amour à l’Orthographe, ou faire un rapide retour en enfance. Pour moi, ça a été tout cela en même temps, et bien plus encore… Je vous raconte en quelques mots comment MOI je l’ai vécu.
Tout a commencé en mars 2023…
Peu de temps après mon retour du Gabon, je suis tombée sur une publication LinkedIn qui parlait de cette fameuse Grande Dictée. En lisant ce post, pendant les dix premières secondes, j’ai vraiment cru à un titre clickbait*.
Qui pourrait vouloir bloquer la plus belle avenue du monde pour la transformer en une salle de classe géante le temps d’une journée ? Mais c’était sans connaître la détermination des organisateurs de cette énorme rencontre. Le pari était également pris pour moi : il fallait que j’y participe !
L’écriture : une histoire de famille !
Mon amour pour l’orthographe, et même pour l’écriture de façon générale, me vient de mon père. C’était sans conteste, un féru de Lettres. Pour moi, qui jusqu’alors n’avait pas pu faire mon deuil suite à son départ soudain, j’ai vu en cette dictée géante, l’opportunité de lui rendre hommage à ma façon, en employant une méthode que, seul lui, pouvait comprendre.
Pour la petite histoire, je n’en suis pas à ma première dictée.
Il est vrai que c’était la première fois qu’il y avait autant de participants pour une seule et même dictée. Mais les concours d’orthographe, j’en ai faits à la pelle au collège et au lycée. Pour la plupart, je les avais même remportés. Cette fois-ci, il n’y avait aucun réel enjeu majeur (j’ai même envie de dire que toutes les autres fois non plus 😀 ). Sauf, bien sûr, pour les organisateurs qui souhaitaient réunir le maximum de passionné(e)s de langue française pour décrocher le Guinness World Record de la plus grande dictée du monde.
Et pour y participer, rien de plus simple que s’inscrire sur le site officiel de l’évènement. C’était totalement gratuit ! Il fallait juste finaliser son inscription au plus tard deux semaines avant la date prévue. Aussi, on avait le choix entre trois dictées différentes avec des thématiques variées. Je m’étais inscrite à la dictée numéro 1, dont le thème était : dictée de notre enfance.
Le jour J : que de péripéties !
Entre la ligne de train Rouen-Paris qui était en travaux ce week-end et rallongeait, pour le coup, le trajet d’une heure supplémentaire, et les petits couacs une fois arrivée sur place : j’étais à deux doigts de rebrousser chemin. Mais j’étais là pour un but précis. Je n’allais pas abandonner à cause de quelques imprévus, n’est-ce pas ? Après une bonne heure à attendre au pied de l’Arc de Triomphe, on a fini par être installés dans cette grande classe aux allures de Grand-Place. Pour marquer le début des hostilités, on a même eu droit au traditionnel retentissement de la sonnerie d’école. À nouveau, le concept et les enjeux nous ont été réexpliqués, et on nous a surtout remerciés de contribuer au rayonnement de la langue française.
Le déroulement de la Dictée
Le texte de cette première dictée était un extrait de « La Mule du pape » issu des Lettres de mon Moulin d’Alphonse Daudet. Le plus drôle pour moi, à ce moment-là, n’a pas été de me rendre compte qu’un exemplaire de ce livre, gagné durant mes années collège lors d’un précédent concours d’Orthographe, prenait la poussière sur une étagère chez moi à Port-Gentil. Le plus drôle pour moi a réellement été de constater que ce texte portait sur la ville d’Avignon.
Une ville dont mon père n’avait jamais cessé de nous raconter l’histoire. Pourquoi elle avait un pont inachevé. L’histoire de la célèbre comptine, le lien avec les papes, etc. Lors de son premier voyage en France en 2003, mon père avait tenu à s’y rendre, pour enfin découvrir cette ville que lui avaient tant contée les livres. Je m’y suis moi-même rendue en décembre 2012, toujours bercée par l’histoire particulière de cette ville. Me voilà dix autres années plus tard en train de rédiger un texte qui en parle.
Les Champs-Elysées : un lieu chargé de souvenirs
En me rendant sur les Champs ce jour-là, j’appréhendais un peu ma réaction. La dernière journée que j’avais passée avec mes parents à Paris en 2019, on s’y était rendu. Ma mère tenait à voir la Tour Eiffel avant son départ, et on avait organisé une excursion de dernière minute dans la Capitale, la veille de leur départ.
Les Champs-Elysées pour moi : c’est aussi l’album d’anciens slows français qui passait en boucles dans la voiture de Papa, sur le trajet de l’école. Un Joe DASSIN qui s’époumonait chaque jour à nous conter ses nombreuses tribulations à travers des douces mélodies. En regardant autour de moi ce dimanche, dans cette classe à ciel ouvert, je me suis fait la promesse de vous relater, dans les moindres détails, cette longue journée.
Une journée que je ne suis pas près d’oublier…
Le quatre juin deux mille vingt-trois, j’avais vu, ressenti, interprété des signes de la présence de mon père PARTOUT. Et ce, en ne cessant de me répéter : « c’est impossible que ce soit cela ! » Je l’imaginais à la fois dans la foule et en même temps assis sur un des tables-bancs parmi les nombreux participants.
C’était donc cela la vie d’après ? Ne se contenter que d’imaginer tous ces moments que l’on aurait adoré partager avec nos proches défunts…?
Pourtant loin d’être une personne superstitieuse, au sortir de cette journée, je me suis sentie comme transportée par quelque chose de plus grand que moi.
Plus tard dans le bus retour,
Je repassais en boucles cette belle journée. Je revoyais encore cette adolescente Ivoirienne, accompagnée de son petit frère et de son père, tous deux si fiers de s’être improvisés cheerleaders d’une journée – apparemment importante. Ou encore ces dames octogénaires magnifiquement chapeautées avec qui j’avais eu le plaisir d’échanger sur la ville de Rouen où elles comptaient se rendre la semaine d’après pour assister à l’Armada. Elles aussi, avaient fait le déplacement, depuis leur tout petit village jusqu’à Paris, pour faire honneur à la langue de leur enfance.
Vous ne vous attendiez peut-être pas à cela,
Mais c’est ainsi que j’ai passé l’une des meilleures journées de ma vie (et je pèse mes mots). Je suis redevenue le temps d’un instant, la petite fille d’autrefois. Je reste convaincue que le temps libre qui m’a été accordé durant cette journée a été le meilleur cadeau de Fête des Mères dont je pouvais rêver.
J’espère de tout cœur qu’en me lisant aujourd’hui, vous avez su déceler, au-delà de la nostalgie, les nombreuses raisons pour lesquelles je classe cette journée dans le top 10 des moments les plus mémorables de ma vie. N’hésitez pas à me dire si ça vous arrive aussi d’avoir la sensation que tout est lié dans la vie… Cette impression qu’il existe entre chacun des moments-clés que nous vivons, un fil conducteur qu’on finit un beau jour par démêler pour comprendre exactement pourquoi on est là où on est.
J’aimerai beaucoup discuter avec vous dans les commentaires, pour savoir ce que vous pensez de tout ça. Pour vous, s’agit-il de simples coïncidences qui n’ont rien à voir les unes avec les autres ? Ou plutôt le contraire, comme l’insinuait si bien Birago Diop dans l’un de ces plus célèbres écrits (d’ailleurs, je tiens à dire un grand merci à Wilcka qui a cité cette belle référence dans les commentaires sur Instagram).
En attendant de vous lire, je vous dis à très bientôt dans un prochain billet de blog !
titre clickbait* : c’est un titre trompeur et surtout accrocheur souvent utilisé en Marketing Digital pour inciter les internautes au clic sur des articles publiés en ligne.