Sanibonani* chères Root’Gurls ! Et si aujourd’hui, je prenais le temps de vous raconter comment mon histoire avec le Maningou a commencé ? Et surtout, pourquoi je pense que cette huile, qui a bercé mon enfance, est un véritable indispensable que chacun devrait avoir dans ses placards.
Les premières personnes à avoir acheté notre Maningou ont pu lire au dos des cartes de remerciement que je définissais cette huile comme étant littéralement ma madeleine de Proust…
Pourquoi avoir surnommé le Maningou ainsi ?
Marcel Proust, bien que célèbre auteur français, connu pour ses livres tels que « À la recherche du temps perdu », n’est pourtant pas un de mes auteurs préférés. Toutefois, la fameuse Madeleine de Proust est un concept métaphorique que j’affectionne particulièrement.
Pour lui, la madeleine était une pâtisserie, faite par sa tante Léonie. Celle qui lui rappelait la journée dominicale typique qu’il passait avec sa famille quand il était enfant. À tel point que lorsqu’il fermait les yeux et s’imaginait l’odeur de la madeleine chaude, le goût et la texture, il replongeait doucement dans sa tendre enfance. Ses souvenirs étaient ainsi étroitement liés à cette gourmandise.
Le Maningou : ma madeleine de Proust.
À chaque début de saison sèche au Gabon, je nous revois encore mes sœurs, mon frère et moi à côté de Maman. C’était souvent le dimanche, qui chez nous était décrété jour de soin et de préparation pour la nouvelle semaine. Ma mère nous demandait de ressortir nos gros pots de crème de la marque Familia (les vrais savent). Elle ouvrait l’opercule pour pouvoir y rajouter cette huile noire légendaire. À ce moment-là, nous n’en comprenions pas réellement l’importance de ce simple geste.
Bien plus tard…
Lorsqu’en septembre 2012, je quittais pour la toute première fois mon pays, pour poursuivre mes études en France, j’avais apprêté une énorme valise. Quand ma mère est arrivée à la Capitale pour me dire aurevoir, elle est tombée dessus. Immédiatement, j’ai eu droit au fameux : « Défais-moi tout ça ! Prends juste l’essentiel. »
Je suis passée d’une valise de 23 kilos (25 en réalité) à un mini-trolley d’à peine 6 kilos. Si vous aussi, vous avez quitté votre pays pour poursuivre vos études en Europe, vous avez probablement dû vivre cette fameuse scène. Ce mythe que l’on entretient selon lequel, nous n’avons besoin de rien puisque nous allons désormais vivre en Europe.
Mais bon, revenons à nos moutons du jour. Je disais donc que mon bagage ne comprenait désormais plus que l’ESSENTIEL, à savoir : une pochette regroupant l’ensemble de mes documents importants, une paire de jeans, deux t-shirts, 5 slips et un blazer.
Parmi mes essentiels, on pouvait également compter ces deux petites bouteilles de Castillo*. Pour ceux qui ne connaîtraient pas le Castillo, ce n’est rien de plus qu’une marque de vin rouge bon marché commercialisée sur le territoire gabonais. Ne vous fiez pas au packaging douteux des bouteilles dans ma valise. Ces dernières renfermaient mon précieux élixir.

Ma fameuse huile de Maningou.
Les vrais savent qu’un Maningou digne de ce nom est toujours emballé dans un récipient peu conventionnel. Tout y passe : vieille bouteille de sirop, ancienne bouteille de vin rouge, bouteille d’eau minérale vide,… Il est vrai que nos grands-mères sont passées maîtresses dans l’art de recycler les emballages. Du fin fond de nos villages, elles savent depuis belle lurette réutiliser et recycler en ne jetant jamais rien. D’ailleurs, lorsqu’ils sont complètement abîmés, certains desdits contenants servent de combustibles pour le feu de bois.
Ces bouteilles d’huile brute ne m’ont jamais quittée.
Une fois terminées, mes grands-mères s’activaient pour apprêter de toutes nouvelles bouteilles à expédier avec n’importe quel prochain voyageur à destination de la France. Il faut dire que les Mbenguistes* sont assez solidaires entre eux en matière de transport de colis. Quand certains demandaient à ce qu’on leur ramène de la nourriture du pays, personnellement je demandais de la nourriture ET du Maningou 🤣. C’était devenu une sorte de petit rituel entre mes proches et moi.

Le Maningou a été au fil de ces dernières années, une espèce d’ancre. Un point de repère qui me maintenait attachée, assez proche de ma terre natale et ce, malgré les milliers de kilomètres qui me séparent d’elle aujourd’hui. En ouvrant à chaque fois une bouteille qui contient cette huile précieuse, en l’utilisant sur mon fils : c’est un défilé d’émotions qui se fait dans ma tête. Le petit sourire en coin empreint de nostalgie qui se dessine sur mon visage lorsque je l’étale et masse la peau de mon fils délicatement, est le signe ultime des merveilleux souvenirs d’enfance dans lesquels cette huile me replonge. J’en oublie ma vie d’adulte, je suis à nouveau chez moi au Gabon, dans mon sable de Port-Gentil. Une véritable invitation au voyage…
Et si vous me racontiez dans les commentaires quelle est votre madeleine de Proust ? En avez-vous plusieurs ? Le Maningou en fait-il partie ?

Bon à savoir :
Sanibonani* : Bonjour en langue Zulu d’Afrique du Sud.
Mbenguistes* : Appellation donnée par les locaux aux Africains vivants à l’étranger (souvent en Occident).
[…] l’utilise au Gabon assez régulièrement, sur la peau des bébés et même sur celle d’adultes nostalgiques de ses bienfaits. Encore plus, pendant les périodes de saison sèche. Du fait des tiraillements de […]
[…] de karité sent très fort. Tout comme son homologue le Maningou, cette odeur peut évoquer de merveilleux souvenirs pour ceux qui en ont fait leur madeleine de Proust. Alors, même si son odeur ne fait pas […]